Salut à tous,
ptite discussion en mode « autour d’un café » pour partager une expérience récente et savoir ce que vous en pensez (et avez peut-être vous-même vécu).
Suite à une n-ième mission merdique (osons le mot!) basée sur des technos et méthodes datant du XXè siècle, je me suis mis dans l’idée (en mai-juin dernier) d’aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs. J’ai mis mon CV à jour, l’ai posté sur 2-3 sites spécialisés, et j’ai mis à jour mon profil LinkedIn et ai activé l’option « à l’écoute de nouvelles opportunités ».
Je spoile la fin :
- j’ai eu des entretiens dans une dizaine de boîtes (jusqu’à 3x1h pour certaines)
- plusieurs rencontres avec des gens sympas et des boîtes qui font des produits intéressants (comprendre : des gens et des entreprises avec qui/chez qui j’aurais aimé bosser)
- beaucoup de temps passé (perdu) en entretiens et qui aurait pu être épargné en s’organisant différemment
- 1 offre d’embauche
- ça pêche à la dynamite sur LinkedIn : tous les recruteurs de France (et d’ailleurs) veulent devenir votre pote si jamais votre profil contient l’un des mots-clé de l’annonce qu’ils ont sous les yeux (le mot-clé « devops » marche bien, mais ratisse VRAIMENT très large…)
- au final, je n’ai pas (encore) bougé
Le « best-of du pire » de certains entretiens :
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il y a les recruteurs qui ont une « liste au Père Noël » de compétences et il faut impérativement cocher toutes les cases. Certains de ceux-là te contactent (et te font déplacer) « au cas où » tu connaîtrais telle ou telle techno sans la marquer sur ton CV. Quand ils te disent après le 3ème entretien « désolé, mais on cherche quelqu’un qui maîtrise la techno XY », ça énerve.
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Je caricature un peu : parfois ils « grattent » parce que, globalement, ça se présente bien SAUF sur une compétence très spécifique et ils se ravisent à la fin… De toutes les entreprises rencontrées, UNE SEULE avait admis l’idée d’une montée en compétences sur UN sujet technique chez elle. Pour les autres, niet : il faut entrer dans le moule, sinon « au revoir ». Certains osent même conseiller « Reviens nous voir dans 2 ans quand tu connaîtras la solution XYZ ». (« Ouais, compte là-dessus ! »)
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certains ne pensent / voient / vivent que pour leur liste (et ils sont TRÈS nombreux) : il s’agit de la liste des compétences requises pour le poste (liste de compétences techniques et de logiciels à connaître). Et rien d’autre ne les intéresse : on pourrait être le plus gros c***ard du monde, ne pas vouloir travailler en équipe, faire de la rétention d’infos, n’avoir aucune méthode : ils ne se posent même pas la question, ça ne les effleure même pas. L’entretien se limite souvent à un ping-pong :
for item in maListe; do: ask ("connaissez-vous %s ?, item) write(answer) next
Je sens que ces recruteurs seront un jour remplacés par des macros Excel et qu’ils trouveront ça injuste Blague à part, quand on commence à avoir un peu d’expérience, être traité comme un n00b parce qu’on ne connaît pas toutes les dernières technos à la mode (par un gus qui se moque royalement des autres compétences techniques et non techniques qu’on peut avoir), ça fout un coup au moral. De nombreuses entreprises jouent la carte des valeurs humaines sur leur site web et ont des pratiques qui sont à l’opposé, notamment lors du recrutement : en une vingtaine d’entretiens, PAS UNE SEULE PERSONNE ne m’a donné l’impression d’avoir lu la section « Centre d’intérêts » de mon CV.
Je crois que c’est ce qui me déçoit le plus : tout le monde se la pète « on est cool, on a un baby-foot », mais en pratique, ils cherchent juste des robots, fonctionnels.
- je suis aussi tombé une fois, lors d’un entretien technique, sur une « rockstar », un gars qui maîtrise son sujet de A à Z. J’étais clairement à pas la hauteur techniquement (j’avais vu l’annonce sans y postuler pour cette raison), mais la personne des RH qui m’a contacté m’a convaincu que si, en fait, ils étaient open, et qu’ils cherchaient avant tout un « profil ». 2 heures d’entretien (avec un cadre de la boîte puis avec les RH) et enfin l’entretien technique. Le gars (manager du futur recruté) m’a littéralement démonté, j’ai répondu un nombre incroyable de « je ne sais pas ». Je l’ai trouvé très (trop) direct, limite arrogant (du genre qui t’écrase du haut de sa science) et sans la moindre empathie. J’en suis sorti complètement dégouté, sans espoir quant à mon avenir dans cette boîte, et sans regret car aucune envie de bosser avec ce genre de « rockstar ». Avec le recul, c’est le genre de poste pour lequel, si on veut avoir le niveau, il faut déjà faire la même chose… mais ailleurs. Cible pas clairement définie par les RH ?
Il y a aussi les grands classiques, indémodables :
- les boîtes qui ouvrent un poste, publient des annonces, te font passer des entretiens et un mois plus tard annulent tout faute de budget.
- les SSII où un type que tu ne connais pas te tutoie d’entrée en te demandant de copier-coller ton CV dans le template Word qu’il t’envoie (alors que la 3ème ligne de ton CV est un gros « I <3 Linux »). Le mode « OSEF » est complètement assumé (souvent plus subtilement que ça) et je trouve ça effrayant…
- les entreprises qui demandent 10 ans d’expérience sur des technos qui existent depuis moins longtemps que ça
- ou celles qui, après une heure d’entretien technique par téléphone, estiment que tu n’as pas le niveau sur une techno que tu utilises tous les jours depuis 2 ans (WTF?!?)
Pour la partie « Vous avez des questions ? » des entretiens, il y en a une que j’ai posée souvent : « Quel OS utiliserai-je sur mon poste de travail ? ». Il y a des entreprises qui se disent « à fond dans l’open source, Linux, et bla, et bla, et [flûte digitale] ». Quand ils répondent « Ben Windows 10, pourquoi ? », au moins on est fixé
J’ai été surpris du nombre de fois où j’ai entendu « Ce que vous voulez ! », et où on m’a confirmé que Debian ne poserait AUCUN problème
Et vous, avez-vous des expériences / anecdotes similaires ?
Avec le recul, le tiercé gagnant (en termes de fréquence de demande de compétences) pour être recruté dans nos métiers, ça semble être :
- AWS (GCP loin derrière, et Azure, euh…)
- Docker / Kubernetes
- Terraform / Ansible / Puppet / Chef
Il y a un vide intersidéral étonnant concernant les compétences non-techniques, ce qui est justement très loin des valeurs « Agile » et « DevOps » telles qu’on les évoque ici (communication, entraide, esprit d’équipe, droit à l’erreur, …). Ça a été la principale leçon de cette expérience.